Le festival Chauffer dans la Noirceur ne peut-être abordé sans évoquer le site où il se trouve. En bord de mer, en pleine zone protégée par le conservatoire du littoral, le festival normand se trouve dans une zone de pêche entre agriculture et industrie. Ce n'est pas anecdotique car la solidarité qui existe encore dans ces métiers difficiles se retrouve dans le festival. Dans l'enceinte de l'événement se trouvent quelques rangées de tables où il est possible de s'asseoir pour manger, boire un verre ou se poser quelques minutes et le voisinage va immédiatement vous saluer et probablement entamer une discussion avec vous. Nous sommes loin de l'ambiance des festivals proches des grandes métropoles et en même temps le territoire relativement proche est couvert par une grande quantité d'événements majeurs qui de Jazz sous les pommiers à Au foin de la rue ou les Papillons de nuit, proposent un panel d'événements avec toute sorte de proposition artistique. Celle de Chauffer dans la noirceur est sans doute la plus ouverte à toute sorte d'artistes émergents.
Il existe une certaine ressemblance avec l'ambiance que l'on peut trouver sur des événements dans le Nord, la proximité du carnaval de Granville en est une, et la chaleur humaine en est une autre.
Par rapport au public local, il arrive d'entamer un échange avec quelqu'un sur les artistes programmés, y compris les plus pointus, et que la personne vous explique qu'elle part à 4h du matin pêcher en mer et que ce sera difficile de la revoir le lendemain pour cette raison. Le public de Chauffer n'est absolument pas blasé et plutôt ouvert à la découverte. Il est probable que les premières années furent difficiles et qu'aujourd'hui l'événement ait été adopté par la population. Il s'agissait cet été de la 27ème édition et la 4ème pour nous. Dire que nous avons été nous-mêmes adoptés serait exagéré, mais le public qui nous voit circuler pendant trois jours au milieu d'eux avec nos petites caméras a changé son comportement à notre égard. Les deux premières années, des festivaliers faisaient la queue devant nos caméras pour tantôt nous chatouiller pendant que l'on filmait ou simplement passer une tête devant notre objectif, jamais avec méchanceté. C'est le seul festival où l'on ait vu des jeunes filles se faire un point sur le front, comme en Inde, pour indiquer qu'elles ont un copain et éviter d'être embêtées. C'est également sur cet événement que l'on a pu découvrir des artistes comme Peaches ou Mykki Blanco, artistes militants de la cause LGBT, et suivre une conférence sur le cunnilingus et le plaisir sexuel chez les femmes. Le festival est aussi un outil d'information voire d'éducation pour les plus jeunes avec la présence de nombreuses associations oeuvrant dans des domaines liés à la santé et au social. Le public a évolué positivement mais a conservé son énergie et vit pleinement son événement annuel.
D'autres publics venant parfois de loin sont également présents, des spécialistes amateurs de musique, des professionnels accompagnant des groupes, des fêtards aimant les musiques électroniques, proches des teufeurs des free parties, mais aussi un public plus âgé et familial, des enfants aussi.
La programmation conjugue ces spécificités. Le festival situé à Montmartin-sur-Mer dans la Manche est loin des parcours des plus grands artistes sur les festivals d'été et sa jauge de 4000 festivaliers environ n'intéresse pas forcément ces grosses productions qui sont de toute façon trop chères pour y être accueillies. La ligne artistique est multiple, mais évite autant que possible, les artistes formatés, en privilégiant la qualité, la découverte et certaines valeurs d'ouverture, de tolérance et écologiques avec des artistes plutôt grand public en ouverture de soirée, des artistes pointus dans le rock, le hip-hop ou autre en seconde partie de soirée, et des artistes festifs plutôt électroniques en fin de soirée.
Cette 27ème édition avait comme thématique la rupture, en lien avec celle écologique et géopolitique que nous traversons actuellement. Sur le plan artistique, ce fut l'occasion de voir et d'écouter des artistes venus d'univers décalés et radicaux comme Curse ov dialect, des rappeurs sud-africains ou Krav Broca les punks à mandoline ou encore Ic3peak, les géniaux russes qui évoluent entre cold wave électronique et hip hop dark. Ils assurèrent la clôture de l'édition malgré les problèmes de santé d'un des membres. A noter aussi la performance de Kirin J. Callinan et ses discours délirants.
Que retenir d'autre de cette édition très riche ? Une programmation mélangeant Metz et Suzanne, la folie au troisième oeil pour le concert de It It Anita, la gentillesse des Lysistrata durant leur interview ou la partie de basket entre une de nos vidéastes et Yolande Bashing après une interview et un shooting au millieu des moutons.
Chauffer dans la noirceur est avant tout une tranche de vie, mais n'est-ce pas le rôle de ces événements de proposer des espaces où reconstruire une vie idéale ?
Il existe une certaine ressemblance avec l'ambiance que l'on peut trouver sur des événements dans le Nord, la proximité du carnaval de Granville en est une, et la chaleur humaine en est une autre.
Par rapport au public local, il arrive d'entamer un échange avec quelqu'un sur les artistes programmés, y compris les plus pointus, et que la personne vous explique qu'elle part à 4h du matin pêcher en mer et que ce sera difficile de la revoir le lendemain pour cette raison. Le public de Chauffer n'est absolument pas blasé et plutôt ouvert à la découverte. Il est probable que les premières années furent difficiles et qu'aujourd'hui l'événement ait été adopté par la population. Il s'agissait cet été de la 27ème édition et la 4ème pour nous. Dire que nous avons été nous-mêmes adoptés serait exagéré, mais le public qui nous voit circuler pendant trois jours au milieu d'eux avec nos petites caméras a changé son comportement à notre égard. Les deux premières années, des festivaliers faisaient la queue devant nos caméras pour tantôt nous chatouiller pendant que l'on filmait ou simplement passer une tête devant notre objectif, jamais avec méchanceté. C'est le seul festival où l'on ait vu des jeunes filles se faire un point sur le front, comme en Inde, pour indiquer qu'elles ont un copain et éviter d'être embêtées. C'est également sur cet événement que l'on a pu découvrir des artistes comme Peaches ou Mykki Blanco, artistes militants de la cause LGBT, et suivre une conférence sur le cunnilingus et le plaisir sexuel chez les femmes. Le festival est aussi un outil d'information voire d'éducation pour les plus jeunes avec la présence de nombreuses associations oeuvrant dans des domaines liés à la santé et au social. Le public a évolué positivement mais a conservé son énergie et vit pleinement son événement annuel.
D'autres publics venant parfois de loin sont également présents, des spécialistes amateurs de musique, des professionnels accompagnant des groupes, des fêtards aimant les musiques électroniques, proches des teufeurs des free parties, mais aussi un public plus âgé et familial, des enfants aussi.
La programmation conjugue ces spécificités. Le festival situé à Montmartin-sur-Mer dans la Manche est loin des parcours des plus grands artistes sur les festivals d'été et sa jauge de 4000 festivaliers environ n'intéresse pas forcément ces grosses productions qui sont de toute façon trop chères pour y être accueillies. La ligne artistique est multiple, mais évite autant que possible, les artistes formatés, en privilégiant la qualité, la découverte et certaines valeurs d'ouverture, de tolérance et écologiques avec des artistes plutôt grand public en ouverture de soirée, des artistes pointus dans le rock, le hip-hop ou autre en seconde partie de soirée, et des artistes festifs plutôt électroniques en fin de soirée.
Cette 27ème édition avait comme thématique la rupture, en lien avec celle écologique et géopolitique que nous traversons actuellement. Sur le plan artistique, ce fut l'occasion de voir et d'écouter des artistes venus d'univers décalés et radicaux comme Curse ov dialect, des rappeurs sud-africains ou Krav Broca les punks à mandoline ou encore Ic3peak, les géniaux russes qui évoluent entre cold wave électronique et hip hop dark. Ils assurèrent la clôture de l'édition malgré les problèmes de santé d'un des membres. A noter aussi la performance de Kirin J. Callinan et ses discours délirants.
Que retenir d'autre de cette édition très riche ? Une programmation mélangeant Metz et Suzanne, la folie au troisième oeil pour le concert de It It Anita, la gentillesse des Lysistrata durant leur interview ou la partie de basket entre une de nos vidéastes et Yolande Bashing après une interview et un shooting au millieu des moutons.
Chauffer dans la noirceur est avant tout une tranche de vie, mais n'est-ce pas le rôle de ces événements de proposer des espaces où reconstruire une vie idéale ?
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